9 TYPES DE PAUVRETÉ

Par A.M. Henry

 

1)     Les démunis

Le « pauvre » est ici simplement le démuni.  Il manque de nourriture, d’habits, de logement, de facilités, de confort, d’argent; bref de tout ce qui est extérieur.  L’ «avoir» fait défaut.

2)     Les malchanceux et accidentés

À un moment donné, la vie bascule dans le néant et l’immense détresse.  C’est l’expérience de la fragilité de l’existence.  C’est à ce degré que l’on peut imaginer ceux que nous avons appelés les « nouveaux pauvres », les victimes de la crise économique et du chômage massif.

3)     Les isolés

L’isolement, l’absence de relations ou la rupture des relations – la pauvreté des divorces !- le manque de « connaissances » et d’amis, mutilent l’être et empêchent de donner toute sa mesure.

4)     Les pauvres « d’avenir »

Appelons ainsi ceux qui ne peuvent disposer de leur lendemain ainsi que tous ceux qui ne peuvent prévoir ce dont demain sera fait pour eux (le prisonnier, le chômeur, le travailleur à la journée ou à la saison,…)  Cette pauvreté d’avenir affecte l’être intérieur : il se replie sur lui-même, ne cherche plus à produire et se durcit.

5)     Les mal portants

La pauvreté de santé.  Ce sont les malades, les infirmes, les aveugles, les sourds, les paralysés, les amputés, les infirmes mentaux, etc.…

Ici nous entrons dans ce qui est essentiel à l’être.  Notre corps, c’est nous-mêmes. Tout ce qui atteint notre corps nous atteint personnellement.

6)     Les ignorants, incompétents, inexperts

Les pauvretés de culture, de connaissance, d’instruction, d’éducation, de formation, sont ordinairement plus graves que les précédents.

Individuellement, l’absence d’instruction constitue la grande douleur des pauvres.  Ils souffrent de ne pas savoir crever ce plafond au-dessus de leur tête pour pouvoir monter plus haut sur l’échelle hiérarchique.

De même, collectivement, les pays pauvres sont tous des pays sous-scolarisés.  Ils manquent d’écoles, d’universités.  Et cette pauvreté est grave parce qu’elle en engendre beaucoup d’autres.

Ne pas avoir de compétences, ou de connaissances, mutile l’intelligence et l’être, et rend peu capable de produire des biens utiles aux autres et à soi-même.  La pauvreté d’argent… est toujours au bout.

7)     Les mal aimés

Les innombrables pauvretés d’affection concernent tous ceux qui ont été, ou sont encore, frustrés d’un minimum de reconnaissance et de lien d’affection.

Nous savons mieux aujourd’hui combien ce manque dans l’enfance peut handicaper quelqu’un pour toute son existence.

Mais cela concerne aussi les étrangers qui se retrouvent seuls, sans familles et qui, de plus, ne sont pas accueillis.

8)     Ceux qui se cachent et se détestent

Il y a bien des manières de devenir marginal ou de se sentir exclu.  On peut l’être par le reflet ou l’indifférence de ses proches, mais aussi par la prison, le renvoi d’une entreprise, l’excommunication d’une religion.  On peut l’être encore par sa faute même : personnes invivables, marquées de façon profonde par un vice ou une inaptitude sociale, ou toute autre déformation de l’être.

9)     Les pauvres de volonté et d’amour

C’est le plus bas degré de l’échelle.  Car, avec la volonté, c’est finalement le sujet lui-même, c’est l’homme au fond de son être qui est atteint.  N’est-ce pas le problème, par exemple, de la dépression nerveuse ?  Sans désir, sans volonté, sans amour, on ne peut pas changer, évoluer… C’est la force vitale elle-même qui fait défaut.

Accepter de se laisser « entamer » par cet immense cancer au cœur même de notre humanité, c’est prendre un risque énorme !  C’est toucher à ce pourquoi le Christ a été jusqu’à donner sa vie : restaurer en l’homme sa dignité profonde de Fils de Dieu.